-Test Jeu Vidéo - Blue Estate : transmédia transgressif

Introduction


Début novembre, à l'occasion de la Paris Game Week, votre serviteur prenait en main le prototype du jeu vidéo Blue Estate tiré du comic book éponyme de Viktor Kalvatchev paru chez Image Comics (USA) et Ankama (France).
Le jeu tournait alors sur PC dans une version bêta et mettait en avant son utilisation du fameux Leap Motion, l'outil de reconnaissance de mouvement pour PC ainsi qu'un humour totalement décalé.

8 mois ont passé depuis et le jeu est désormais sorti sur Playstation 4, sans leap motion mais avec une manette dotée d'un système de reconnaissance de mouvement et un humour toujours aussi grinçant. Mais cela suffira-t-il à en faire un grand jeu ou même, à défaut, une bonne adaptation ?


Blue Estate Origins : la finesse c'est pour les faibles

Blue Estate The Game est un vrai défouloir complètement déjanté : amateurs de politiquement correct, entrez à vos risques et périls !
Avant d’entrer dans des considérations techniques plus ou moins objectives, soyons clairs : s’il y a une chose qu’on ne pourra jamais reprocher à Blue Estate, c’est bien son honnêteté.
C’est simple, depuis les premières présentations du projet, jamais le jeu du studio He Saw ne s’est prévalu de réinventer la roue en tenant LE jeu révolutionnaire. Leur communication -discrète- portait surtout sur leur volonté de proposer une expérience de jeu fun et respectueuse de l’esprit du comic book d’origine.
Dans ces deux cas, la promesse est largement tenue, Blue Estate The Game est un vrai défouloir complètement déjanté : amateurs de politiquement correct, entrez à vos risques et périls !

Le menu d'accueil donne le ton.
 Le comic book Blue Estate avait des aspects de bestiaire humain dépeignant son lot d’individus pathétiques, caricatures hilarantes des personnages récurrents des films de gangsters de Guy Ritchie ou de Quentin Tarantino.
Cette dimension se retrouve dans le jeu vidéo qui nous permet de retrouver la plupart des personnages rencontrés dans les pages de la BD dans une histoire située chronologiquement avant les faits racontés dans le tome 1.  Une logique Transmédia dans laquelle on aurait aimé voir une plus grande implication d'Ankama l'éditeur français du comic book, notamment au niveau de la communication, hélas les voies de la gestion des droits sont impénétrables...

Tout commence lorsque le fils dégénéré du parrain local déclenche une guerre des gangs en ravageant le club de mafieux chinois juste pour récupérer sa strip-teaseuse de petite amie. Vont alors s’enchainer en 4 petites -mais intenses- heures de jeu des situations toutes plus démesurées et grotesques (dans le « bon » sens du terme) les unes que les autres et blindées de clins d'oeil à la pop culture, les meilleures se situant dans les niveaux où on incarne le second personnage jouable...et ce n'est pas par communautarisme primaire que je dis ça !

Le niveau en Jamaïque regorge de "méta-préjugés"

Fusillade explosive dans le sanctuaire d’une secte adoratrice d’un dieu-chihuahuas, combats clandestins dans une enseigne de restauration rapide  spécialisée dans le poulet, vol d’un plant de cannabis sacré à une horde de jamaïcains énervés (non, non, il n’y a aucun préjugé)…rien ne semble jamais trop gros et on se prend à se demander ce qui va nous tomber sur la tête au prochain tournant. 
D'aucuns diront que les gars du studio He Saw en font trop, les amateurs de blagues potaches, eux, seront aux anges, le fait est que Blue Estate ne s'économise jamais sur la gaudriole. 
Maintenant, c'est bien beau de faire le pitre, mais qu'en est-il du jeu en lui-même ?

Système de jeu : un chemin pavé d'or ?

la manette réagit merveilleusement bien et propose une utilisation sympathique du pavé tactile pour le corps à corps et les interactions avec le décor.

Abordons dès le début la question qui brûle les lèvres de ceux qui avaient vu le jeu tourner avec le Leap Motion. Passer d'un système de jeu sans contrôleurs grâce au Leap Motion à un gameplay à la manette ne gâche-t-il pas pas l'originalité du titre ?
Une interrogation toute légitime car, ne nous le cachons pas, Blue Estate The Game est un rail shooter tout ce qu'il y a de plus classique : on passe de tableau en tableau, ne contrôlant que le bras armé du héros et ses mises à couvert, en éliminant des vagues d'ennemis à l'intelligence artificielle particulièrement limitée. C'est la qu'intervient la reconnaissance de mouvement...à la Dualshock 4. Car oui, pas question d'utiliser le Playstation Move qui avait pourtant fait ses preuves sur des jeux similaires comme House of the Dead : Overkill - Extended Cut.
La raison ? Selon les développeurs, une meilleure réactivité à la manette qu'avec le Move.
Loin de moi l'envie de remettre leur jugement en question, d'autant plus que la manette réagit merveilleusement bien et propose une utilisation sympathique du pavé tactile pour le corps à corps et les interactions avec le décor.


Rien à redire sur ce choix donc, mis à part un réticule capricieux nécessitant d'être recentré régulièrement sous peine de tirer à côté de ses cibles. Ce n'est pas dramatique en soi, mais cela fait malheureusement sortir de l'action frénétique du jeu, rompant le sentiment d'immersion. Dommage.

Concernant les graphismes, si Blue Estate n'est pas le plus beau jeu de la PS4, la modélisation des personnages est plus qu'honorable, faisant honneur aux mimiques et plastiques de ces phénomènes de foires. Mention spéciale aux décors, fourmillant de détails et d'éléments destructibles, y compris les précieux abris où vous vous mettrez à couvert pour éviter de prendre une boulette mortelle.




Verdict


13/20 pour les profanes du comics 
15/20 pour ceux l'ayant déjà lu ou sensibles aux ambiances déjantées (les vrais quoi)

Jeu vidéo entier par son caractère mais pêchant un peu au niveau technique, Blue Estate : The Game nous livre une adaptation délicieusement déjantée vibrant de la même folie que le comic book disponible aux éditions Ankama. Il aurait été d'ailleurs appréciable d'avoir une possibilité d'enchainer sur celui-ci à la fin du jeu vidéo : un bundle "jeu vidéo + premier tome digital" aurait permis de mieux faire passer la pilule au moment de débourser les 19,99 € requis pour acquérir le titre sur le Playstation Network.




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